Tuesday, January 26, 2010

retour sur une folle semaine a Rangon

du 14/01/10 au 20/01/10
7h du mat. Debout. Sans reveil. Fastoche. Encore passe une nuit blanche.
Je frappe a la porte de Geraldine. Voix pateuse. A-t-on le temps de prendre le the ? Non on a juste le temps de prendre un taxi.On file a l'ONG Enfants du Monde Droits de l'Homme, ca s'invente pas un intitule pareil. C'est eux qui nous ont
deblaye le terrain ici. De chez eux on grimpe dans leur fourgonnette, une partie de leur staff nous accompagne : 4 filles jacassantes, belles comme des princesses birmanes (qu'elles sont peut etre, allez savoir..). Elles riront lors de chaque spectacle, a chaque gag. Nous deboulons dans un centre de reeducation pour gamines de rues, petites delinquantes, filles perdues... Entre 6 et 18 ans. 120, assises a meme le sol. A les voir on jurerait une bande de petits mecs : cheveux raz,
T-shirt, airs de p'tits caids...Pas une once de feminite.
Geraldine surgit dans son personnage de clown-androgine. Triomphe. Effet de miroir ?
Elle couvre une demi heure tip top. Puis c'est a moi. On a mis au point une petite transition afin que nos spectacles se fondent. On affute ca tous les jours, c'en est devenu un moment clef de la representation. Elle quitte la scene (chassee par moi, jusque la normal me direz vous...) Se glisse derriere son accordeon et par petites touches delicates m'accompagne.
Juste ce qu'il faut. Pas d'egos qui s'entre devorent. Un chouette partage.
Des notre arrivee sur les lieux ou nous jouerons, je m'assieds parmi les gamins, les gamines. Au debut ils me conciderent, stupefaits. Geraldine apparait. De suite elle focalise toute l'attention. Des lors, j'observe. Tout. Elle. Eux. Chaque geste. Chaque rire. Discreto je prends des photos.
Apres, entre deux spectacles ou le soir, quand on a un peu de temps (mais on a jamais de temps : on courre d'un show a l'autre, puis on file sur le net ou ca derappe pas mal, on traverse et retraverse l'enfer urbain de Rangon, je ferme pas l'oeil nuit apres nuit, on cavale a d'autres rendez-vous pour d'autres spectacles...) quand on a un peu de temps disais-je,
on parle de tout ca, de tout ce qui s'est passe...Geraldine affine son approche, tente des trucs, ca vit terrible tout ca.
L'Artiste quoi.
20/01/10 Les deux derniers spectacles a Rangon.
Le 1er, 10h du mat, des tout petits momes, filles et mecs, 48 en tout dans une petite piece. Du spectacle intimiste.
Geraldine apparait dans son personnage de clown limite Stephan King. Les gamins petrifies. Frousse de leur vie.
Geraldine si tende, vous imaginez ? L'agneau devenu horde de loups. Les enfants rentreront petit a petit dans son histoire, riront franchement mais demeront sur le qui-vive, tout de meme.
A midi je lui en fait part. On grignotte comme on peut en causant dans le fracas du traffic et des generateurs (les generateurs en Birmanie, une horreur, aussi une parfaite tranche de Stephan King, vacarme constant, au bonheur de l'insomniaque) On est deja sur  place pour le 2eme spectacle. Une ecole monastique. 400 enfants, par la. Et des moines ca va de soi.. Depuis les haut comme 3 pommes jusqu'aux ados.
Geraldine a une intuition geniale. Elle me dit : je vais me maquiller en public comme ca ils verront la transformation s'operer. Ils verront d'ou je viens.. Du pur existentialisme.
Elle est sur scene. Elle remet son miroir a une toute petite fille du premier rang qui le lui tend. Geraldine se maquille.
Elles sont face a face. L'enfant birmane et la clown belgo-francaise.
On entend voler les mouches et les moustiques impaludes.
Un instant d'etrenite.
Je shoot a tout va mais je dois avoir l'oeil humide, je ne reussis que des flous. Elle enchaine son spectacle. Puis a moi.
Bon, je pourrais dire les choses avec plus d'elegance, plus d'humilite, mais ce que je fus bon sur ce coup dites donc... Surtout un public extraordinaire. C'est a lui, c'est a eux que je dois de pouvoir etre comme ca, de temps en temps.
Apres. Les enfants sont partis. Et les moines. Demeurent dans la salle deserte un tres vieux monsieur et moi. J'ai deja ma valise a la main. Il vient a moi tout doucement. J'ignore sa fonction ici. Il me pose la main sur l'epaule un long moment.
Me prend la main dans ses deux mains. Il me dit :"merci pour les enfants."
Du haut de sa calvitie et derriere ses epaisses lunettes il ressemble a mon pere a la toute fin de sa vie. Ce regard humide intense et lointain..
Mais bon sang, qu'on arrete de m'emouvoir comme ca tout le temps, je vais craquer moi, avec mes 2 heures de sommeil..
Paraphrasant Pinocchio je vous le dit : on est pas de bois.















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