Tuesday, February 23, 2010

Dormir pourquoi faire?

15/02/10.


8h30 du mat. Seesee m'accompagne a la hight school (equivalent de notre cycle secondaire).

2000 eleves, entre 8 et 18 ans.

Seesee fait un petit discours d'introduction et c'est a moi. Une heure a me demener. La scene est haute, tous sont assis. Quelque chose comme un miracle.

Apres le spectacle, le directeur monte sur scene et a l'aide de ses 3 mots d'anglais dit : c'etait la plus belle heure dans cette ecole. Tous applaudissent.

Politesse karen bien sur. Ivre de narcissisme je le prends au 1er degre : c'etait la plus belle heure.....

Apres midi spectacle au bord du terrain de foot. Foule et poussiere. Je trone sur une scene de ciment que les gamins grapilleront tout au long de la representation.

Je termine sur un ilot d'un metre carre.

Petit coup de vent vers la fin. Le public disparait dans la poussiere rouge. "(...) cendres et poudres." Fr. Villon.

Retour dans la baraque du comite de gestion du camp. Remerciements, sourires, the, plaisanteries, le tout en karen, puis l'inevitable question : un petit spectacle pour nous ?

16/02/10. Matin. Dernier spectacle prevu. Dans une ecole primaire. Ici pas de mob pour me vehiculer. Faut marcher. Un jeune porte ma valise, la responsable de l'ecole nous accompagne. C'est la que je me rends compte que les Karens sont un peuple habitue a cavaler pour sa survie : ils ne marchent pas, ils galopent. Impossible de les suivre.

Pourtant ils ont l'air de se promener, de flaner. Des badeaux du dimanche au parc...

Enfin l'ecole. Je degouline. 700, 800 gamins ? Le plan habituel : partout. Des le 4 ou 5eme rang ils grimpent sur les bancs afin de mieux voir et barrant la vue aux autres, derriere, qui gueulent.

A ceux juches sur les bancs j'adresse de grands signes afin qu'ils s'assoient. Ils le font mais c'est comme s'ils etaient montes sur ressorts, sitot assis les revoila debouts.

Ces spectacles, c'est chaque fois comme une traversee de l'ouragan.

Le pick-up de TBBC qui vient me ramasser est deja la. Mais ils en ont pour 2 ou 3 heures a decharger les sacs de riz et de haricots et a les distribuer.

Donc je poireaute.

Surgit comme par enchantement une jeune Karen instite dans une autre ecole primaire "tout pres d'ici" c'est a dire 1/2 heure de cavalcade.

" Un dernier spectacle ? Les enfants seraient si contents..." Face a de tels arguments..Allons-y. J'ai encore quelques litres de sueur en reserve.

L'exacte replique du specacle precedent. Pas pire en tout cas.

Puis retour au pick-up ou ils m'attendent depuis une heure en sirotant le the.

Trois heures de piste et revoila la petite ville de Mae Sariang, de nuit, quittee 5 jours au paravant.

La claque! Les routes, les bagnoles, les mobs, les magazins, les lumieres, les ordis, les portables, le plastique...

Manque de me faire faucher en traversant la premiere rue. " La rue assourdissante autour de moi hurlait" Ch. Baudelaire.

Et maintenant ? C'est fini ? Une chambre minable a 4 $, moustiques et cafards mais pas petit dej' compris ? M'allonger ? Dormir ?

Dormir ? Pour quoi faire ?

LA NUIT AUSSI....

Lors de ma derniere livree j'a omis de mentionner que les refugiers qui fuient au Bangladesh sont des Rohingya et des Rakhines les plus mal lotis parceque buddhistes


circonstance agravante dans un etat musulman.

13/02/10, 18h, souper.

Riz au poulet. La fille qui me fait la cuisine me relatte le drame Karen : ses parents de l'autre cote de la frontiere, dans l'etat Karen, qu'elle visite clandestinement a Noel.

La corruption de l'administrartion Thai, la brutalite des gardes-frontieres des 2 cotes, les mines cote birman (tous sujets recurants).

S'en suit un long silence. Enfin elle demande : tu pourrais faire un petit spectacle pour mes amis ? On etait la hier soir mais on n'a rien vu....Trop de monde.

Son argument tient : moi aussi j'y fus et en effet c'etait comble...

Je me tate...Je finis par dire : d'accord.

D'accord??? Maintenant???

Quoi maintenant ? Mais c'est deja la nuit...

Qu'a cela ne tienne. Donc je la suis. On escalade la montagne via le sentier qui serpente entre des dizaines de huttes. On rentre dans l'une d'elle...

Seigneur ! Ils sont 150 tasses la dedans. Ils m'attendaient. J'ai droit a 20cm carres. Il y fait chaud. Et c'est reparti, un p'tit show, un p'tit torride !

21h couvre feu, Suis de retour dans ma hutte. Me coucher, enfin. Dormir. Et la debarquent qqes dizaines de jeunes, des sourires au betel, osant

a peine me regarder, mais ce que ca sourit !

L'un d'eux finit par demander : magic-show ? Mais voyons, que ne dites vous plus tot ? Et on remet ca.



14/02/10, 04h30 du mat. Maudits coqs.

7h Pret pour le 1er spectacle, mais j'ai plus grand chose : plus un paquet de cartes, plus un ruban multicolors (mon final) plus un foulard qui ne soit loque.

Mes pompes sont ruinees depuis belle lurette, j'ai tant transpire dans ma veste qu'en guise de serpiere elle aurait l'air minable...Et la poussiere ocre qui s'infiltre partout : sac, valise,

vetements, dans chaque pore de la peau, dans chaque replis du magic-show....Magicien de poussiere.

8h : Kennet et sa mob bleue. 1/2 heure a zigzaguer dans la poussiere, section 8, le long de la riviere, c'est la, c'est ici.

Comme chaque fois, comme toujours : des centaines.

Merveille : une scene ombree, la brise de la riviere, un millier de Karens, tous juches sur des bancs de fortune et de bambou afin de mieux voir.

En plein spectacle l'un de ces bancs s'effondre entrainant dans sa chute une 50ene de spectateurs qui se raccrochent a d'autres qui choient a leur tour...

5 minutes de confusion et tous ont retrouve une place bancale.

Soudain parmis rires commentaires et bousculades, des cris affreux, a vous fendre l'ame : deux types traversent la foule, portant un gros porc noir qui couine tant et plus.

Me voyant, ils se figent sur place, meduses, et assistent au spectacle, leur cochon sous le bras, qui ne dit plus trop rien. Peut etre suis-je son verre de rhum du condamne ?

Personne ne s'en soucie. Sauf moi. Ils me regardent qui les regarde....



15h. La pirogue vient me chercher. Cap sur Mae Rama Luang, camp 4.

Aurevoirs emouvants a tous : le leader du camp, Kennet, la cuisiniere, tant d'autres...Tablu do malang (merci bcp) et please come again....

1/2 heure de navigation au milieu de la jungle, wahou, au detour d'un meandre Mae Rama Luang : centaines de huttes juchees sur les collines.

La communication a mal fonctionnee : personne pour me receptionner (pas de portable ici).

J'attends une heure au bord de la riviere. C'est mieux que d'attendre le metro 3 minutes. Enfin quelqu'un accourt, ramasse mon sac, je le suis.

C'est une dame du Karen Refugee Committee qui m'acceuille : Sisi. Elle est deleguee ici pour superviser les elections qui vont avoir lieu dans les camps.

Les Karens ont la fibre democratique.

Je lui dis qui je suis, que je suis pret a jouer de suite. Rien n'est prevu. Elle expedie quelques gamins battre le rappel. Spectacle a 17h dans la nurserie.

Je m'y rends 10 minutes plus tard. Archi-comble. 300, 400, 500 ? Mais il fait deja trop sombre la-dedans. Pas d'autre lieu possible ? Non, trop tard....

N'auriez-vous pas...Que sais-je ? De la lumiere ? Non bien sur. Quelqu'un deboule avec 10 bougies. On les dispose au bord de la scene en bambou.

"Allumer le feu" J. Halliday. Un responsable est designe pour chaque bougie.

Spectacle aux chandelles a Mae Rama Luang, le murmure du torrent pour bruit de fond.

Le KAOLA

12/02/10 au 16/02/10


2 camps distants de 10 km

Mae La Oon, 14 852 residents

Mae Rama Luang, 14 520 residents.

Depuis la petite ville de Mae Saring ou resident les locaux de TBBC (Thai Burmise Borders Committe, gestion de l'ensemble

des camps pour la province de Mae Hong Song) David un Australien qui bosse la me dit : au camp de Mae La Oon ils ont eu

3 clowns en decembre, ils ont l'habitude du spectacle, ca te facilitera les choses.

Enfin, façon de parler...
Pour se rendre sur place 4h d'infame piste en 4/4. Pas de sublime foret comme hier a Ban Mae Surin, juste 4h de chocs et de poussiere.

Surtout l'ultime heure entre les 2 camps, un tape-cul d'enfer.

A peine arrive a Mae La Oon reception au comite de gestion du camp.

Tous m'expriment leur joie de ma presence et, a propos, si je pouvais faire un petit spectacle pour le comite ?

Mais voyons donc. J'ai encore les os rompus souvenirs de la piste et je suis en piste. Et adopte.

Quelques heures plus tard, 1er show public. Je me prepare dans la petite hutte de bambous et de poussiere qui m'est devolue....

Je ne saurais dire pourquoi, je ressents comme une presence, j'entends de furtives respirations...Je scrute, personne...

Et pourtant...O stupeur! Par chaque fissure des cloisons de bambous des dizaines d'yeux me scrutent, m'epient, me decortiquent.

Les gamins du camps ont eu vent de ma presence. Je suis l'etranger, le magicien, le kaola (grand blanc, pas confondre avec koala).


Kenet, mon garde du corps, charmant jeune homme parlant 3 mots d'anglais vient me chercher en mob.

Nous nous rendons au terrain de foot-champ-de-poussiere ou aura lieu le premier match-spectacle.

Il est 16h. Une marre humaine deferle. Kennet et moi sommes submerges. Je lui hurle : tiens bon, fais les reculer,

fais les s'assoir, fais quelque chose....

Il m'adresse de grands gestes tel un qui se noie et disparait dans les remouds de la foule. Me voila seul.

"(...)s'il n'en demeure qu'un je serai celui-la" V Hugo. Et bien ca y est. L'oracle se realise. Je suis l'elu. Une heure contre vents

et marrees a ruisseler au milieu de 2000 petits Karens. Bousculades et confusion. A ce point, cela a-t-il encore un sens ?

Puis, sonne, retour a ma hutte ou je n'ai pas le temps de me changer, de me doucher, des dizaines de types deferlent, des

jeunes, des vieux, la plupart masticateurs de betel. Ils me serrent les mains, me remercient et entreprennent de m'apprendre le karen

vu qu'aucun ne parle anglais.

Au cours de ce defile qui durera 3h ressurgit Kennet. Il a l'air un peu defait, un peu hebete. On jurerait qu'un troupeau d'elephants lui est passe dessus. Il me semble qu'on se ressemble en ce moment. Il est mon miroir karen.

Laconique il me dit : everybody's happy.



12/02/10. Nuit. Sur ma natte-lit je lis les rapports de TBBC etablis depuis 1984 date des 1eres vagues de refugiers. Impressionnant.

La situation ne cesse de se durcir des 2 cotes de la frontiere. Les exactions face aux minorites ethniques sont quotidiennes cote

birman et la Thailande n'accepte plus de refugiers depuis 2005. Or ils continuent d'affluer.

Les plus miserables sont ceux auquels nous n'avons pas acces, a l'ouest de la Birmanie, qui fuient au Bangladesh d'ou ils sont

durement refoules et meurent d'epuisement de maladie de faim...

Je m'endore sur tant de drames et des 4h30 du matin les coqs en rajoutent un : ils tuent mon sommeil dans l'oeuf.

7h :p'tit dej. Idem au souper d'hier soir et a la bouffe de ce midi : riz au poulet et oeufs. J'engouffre avec ravissement avec le

sentiment de devorer l'un de ces cocoricant coqs matinaux.

Mesquine vengeance, certes...

8h, Kennet et sa mob bleue. 1/2 heure a ingurgiter de la poussiere en traversant une partie du camp (batit sur des collines coupees de gorges

profondes) Ca grimpe dur, je dois descendre de la mob et continuer a pieds jusqu'au sommet.

L'emplacement du spectacle. Comme hier, noir de monde. Plus de 1000. Mais Kennet a convie 2 membres de la securite.

Des lors un chouia de discipline.

Des mon 2eme numero les mecs de la securite me conciderent l'air abasourdi. Les gosses en profitent pour se ruer dans mes pieds et dans mon dos. Une heure Clowns et Magicien sans Frontiere au camp de Mae La Oon.

13h. Le petit show que j'ai donne pour le comite hier des mon arrivee a tant plu qu'ils me demandent de remettre ca pour les enfants malades et handicapes qui ne peuvent assister au spectacles.

On y va. Une centaine dans une grande case en bambous. Et autant de parents. Et plein d'autres gosses tasses devant

portes, fenetres et bambous ajoures. En tout je dirais...Beaucoup.

Je vais des uns aux autres en essayant de ne pietiner personne, certains sont deja si mal en point (pas mal d'estropiers, la frontiere

cote birman est tapissee de mines). Mais pour le coup, malades et estropiers, ca se marre, ca se marre.

Je termine juste a temps pour me rendre au 3eme spectacle de la journee.

Rebelotte : 800, 1000, 1500 ? La securite s'avere plus efficace. Ca commence a prendre forme. Une heure encore en compagnie de ma tribu Karen. J'ai appris quelques mots. On communique. Ils en pleurent de rire.



En depit des conditions hallucinantes dans lesquelles je joue, qu'est-ce qui fonctionne si bien ? Et pourquoi ?

Lors des precedentes tournes, Inde, Nepal, Birmanie 2009 et depuis le debut de cette tournee en Birmanie puis dans

les camps Karennis, puis ici chez les Karens...Chaque fois, partout en fait, ce qu'on sent de facon presque tactile c'est cette enorme envie. Emanant de chaque spectateur. Comme un besoin imperieux d'etre la. De tout voir. Lors de chaque spectacle.

Tout Clowns et Magicien sans Frontiere tient dans cete avidite.

Ils sont friands, nous sommes la friandise.

Friday, February 12, 2010

Please come again

10/02/10
Fin du periple en duo. Geraldine rentre, je continue....A l'heure des aurevoirs deja le blues...Seul. Un foutu destin.
9h du mat, un pick-up passe me prendre pour se rendre aux sections 3 et 4 du camps 1
Ban Mae Suring camp. A 4 heures de route. 4h d'impensable piste au travers de la foret
tropicale. A chaque choc, tous les 15m ma tete heurte le plafond tandis que le chauffeur
m'explique tout a propos de la problematique des refugiers, la corruption de l'administration Thai
les arcanes subtiles de la politique birmano-thai....Ma tete enfle de toutes parts.
Et au detour de la foret surgit Ban Mae Suring camp. 4000 refugiers. Ce semble un village
Karenni des siecles ecoules. Pas une mob, pas un moteur, pas un plastique (ou si peu)
une magnifique riviere serpente au milieu telle la Semois a Bouillon, a ceci pres que le bouillon sera
 pour moi, j'y viens...Les collines couvertes de foret tout autour. Carte postale...Si ce n'etait un camp de refugiers.
A peine debarque, the, bouffe (ils me trouvent maigre et ravage, ce que je pense etre) donc
m'empifrent tant et plus. A peine le repas expedie alors que je n'aspire qu'a une sieste, en route
pour le 1er spectacle. Sur le parvi de l'eglise catholique et romaine. Toute en bambous peints en
bleu. Du meilleur effet. Et arrive la foule. Dense. Desireuse. Presqu'inquiete. En moins d'un 1/4 d'heure
ils seront un bon millier. Les gamins tasses dans mes pieds, les adultes derriere. Ils n'ont pas la premiere
idee de ce que je vais faire. Tous les adultes, hommes et femmes chiquent le betel. Enorme chique
qui leur empli la bouche. Je me lance. Et ca marche. Ca marche, j'en reviens pas. Je n'en reviendrai jamais.
Eclats de rires. A chaque eclat, de toutes les bouches adultes jaillissent de longs jets rouges
de betel qui choient dans les cheveux des enfants du premier rang et jusqu'a mes pieds.
Les gamins manifestent qqe mecontentement de cette averse inattendues, mais d'ici qqes annes
ils chiqueront aussi, des lors c'est de bonne guerre. J'enchaine mes routines ds ce delire merveilleux.
S'en suivent les remerciements, le the, le souper, on m'installe dans une hutte sur pilotis pour la nuit
,le bambou pour matelas. Les chiens hurleront jusqu'a 2h du mat...Enfin le silence au travers duquel se
glisse un enigmatique chat...S'il ne s'etait frotte avec insistance a mon visage j'eus dit un fantomatique chat.
Il refuse et mes caresses et mon poing dans la gueule et reviens se lover contre moi. Vers 3h30 il disparait.
Je reprends un somnifere....Ai-je sommnole ? Des 4h30 chantent les coqs. De partout. Le plus proche
etant 1m30 sous mon oreille.Hutte sur pilotis...Nouvelle nuit blanche, une de plus lors de ce periple de clowns magicien et insomniaque sans frontiere ni treve ni merci. Dans l'aube nymbee de brume je me traine jusqu'a la riviere afin de me raser.
Petit dej. 8h30, 2eme spectacle. Je titube jusqu'au parvis de l'eglise (ceci dit les Karennis sont catholiques
de confession et animistes de conviction) et la au travers de mon regard embue je vois accourir tout le camp. Les nouvelles circulent vite. Ca confere a l'absurde. Mon si petit spectacle...
C'est comme le premier public du premier spectacle des Temps. Mon etat quand a lui est franchement second.
Et apres, apres, quand je pense que tout est fini, le chef du camp vient a moi et me demande : vous pouvez
nous apprendre juste un tout petit truc ? Un facile? Un jour j'apprendrai a dire non. La je peux pas.
leur gentillesse me touche. Donc je leur montre. Ils pouffent de rire. Ils s'y essaient avec une maladresse touchante.
Je recommence encore et encore. Pour le staff et qqes enfants, une 20ene en tout. C'est un moment ou on
peut croire aen la bonte de l'humanite, la dans le camp Ban Mae Surin.
Et lorsque le chairman me serrera la main, au bout d'un long moment silencieux il dira : please, come again.
Une respiration et en route pour le camp suivant a 8h de route d'ici.

Tuesday, February 9, 2010

La fin du voyage?

Notre periple conjoint se termine.
Demain,nos chemins a Sylvain et a moi se separent.

Lui, d'autres camps pour 10 jours encore
Moi, 2 jours de voyage direction Bruxelles

Au passage, je reviens en T shirt (suite a un vol de sac de fringue... Laura,je t'acheterai un superbe sac de couchage encore plus beau que celui que tu m'avait prete...!oups! )

Si quelqu'un vient a Zaventem avec un pull... c'est pas de refus!

j'arrive le 11 a 18h15... (dites par mail commun,histoire de pas venir a 3 voitures non plus)

Voici les dernieres photos. ( je rentre avec l'appareil photo)
Notre derniere aujourd'hui fut magnifique.

1500 personnes et des millions de rires.
1500 personnes mais aucun pour monter sur scene...

bah... faut faire avec...
et alors tout s'arrange!

bisou\ atouset a toutes

Monday, February 8, 2010

ouf

08/02/10
Et nous revoila. Toujours les camps. A peine sur place, a peine debarque les gens semblent sortir de terre
une generation spontanee de Karennis, les gamins hirsutes et farouches mais tjs la, les femmes Karennis-Rouges
entre Peaux-Rouges et punks, les adultes desoeuvres, tout le monde chique le betel d'abondance.
Geraldine se debat tjs avec le public et ses demons. Elle a tjs besoin d'un volontaire des la 3eme minute
de son spectacle. Ils sont combien face a nous 1500 ? 2000? Il n'y aura pas UN volontaire.
Or par deux fois se produira un petit miracle dont l'explication semble echapper a tout le monde:
alors qu'elle tente vainement de convaincre un gamin de venir sur scene, que le spectacle tangue,
une vieille femme, chicant le betel, debarque, grimpe sur scene a cote de Geraldine avec une assurance
tranquille, se prete au jeu. Tonnerres de rires. A peine a t-elle fait ce que Geraldine lui demandait
que les voila toutes deux dansant frenetiquement...Quelques secondes... Un moment d'eternite. Encore un.
Que j'ai fixe via l'oeil digital au nom d'appareilphoto (cf la photo sise sur ce meme blog)
Question : de combien de moments se compose l'Eternite ? Juste une seconde...Pas meme, une fraction.
Que represente un million d'euros ? Juste une passe de magicien...
Ah bon ???? Ben ca tombe bien je suis juste en rade d'un million d'euros
La voix de l'Eternite me repondit, mettant la main a la poche, la dans le camp de refugiers : pas de probleme..Juste une seconde....
Aujourd'hui deux spectacles. J'vous jure c'est dur les mecs. Mais jamais je ne pourrai dire ce que c'est merveilleux.

Saturday, February 6, 2010

5h de sommeil et 2 spectacles plus tard, retour de la serenite

06/02/10

Apres la transe hallucinatoire consecutive a mes tripes torturees, aux nuits blanches que j'enfilai telle perles,
dragons, demons et moi conclurent un accord. Je pus dormir. Manger un peu. La fraicheur d'une aube nouvelle.
Le lotus qui s'entr'ouvre sous la lune. Mes intestins qui roucoulent de concert avec un local rossignol.
Retour dans les camps.
Cette impression de no future, le denument, les minuscules baraques en bambous, les gens....Cliches bien sur
mais que dire d'autre ? Ca vous saute a la gueule.
Et donc c'est la juste place de Clowns et Magiciens sans Frontiere. On se doit d'etre la. Mais tout est difficile.
Nous sommes face a un public qui n'entend rien aux codes du spectacle. Pour cause c'est le premier qu'ils voient.
Geraldine va affronter ca de front : son spectacle est fonde sur une histoire, un fil conducteur a tout le moins
et la participation de gamins sur scene des le debut. Or l'histoire leur echappe. Et ils sont retifs a toute participation.
Ils ne veulent pas venir sur scene. Ils ne viendront pas sur scene. Image hallucinante de Geraldine galopant apres un gamins sur 50 bon metres autour du public en cercle. Elle l'attrappe, l'embarque sur scene, il detale illico. Hurlements de rires. Mais on est perdu. Des lors elle doit s'adapter vaille que vaille,
la, en direct, en public, dans la cohue, dans les nuages de poussiere rouge. Elle se metamorphose en funambule sans filet.
C'est difficile. Public fruste, des paysans montagnards chasses de leurs terres la bas dans la province Karennis de
Birmanie (l'etat Karennis comme ils disent ici). Public dont on ne comprend pas les reactions, les impulsions.
On joue de 9h30 a 11h. On remet ca a 15h le soleil sur le coin de la gueule, a degouliner, a se demener.
Et dans cette houle humaine, ca va le faire. Ils rirons. Ils s'esclafferont. L'infime petit miracle Clowns et
Magiciens sans Frontiere va renaitre de ses cendres.
A tel point qu'apres le spectacle on nous invite a un anniversaire de gamines. La ds cette hutte de bambou
on retrouve un peu de l'acceuil qui nous fut fait en Birmanie. On nous invite a manger. A boire.
Personne ne formule rien, politesse orientale oblige, meme ici meme dans ces conditions mais je percois
dans le silence une pressante demande, presqu'une suplique...Alors l'air de rien je demande " vous souhaitez
que je fasse un petit spectacle de magie pour l'anif des fillettes  ?" A peine l'ai je dis qu'ils fondent comme
des icebergs dans les mers chaudes, tout est deja pres : le lieu, le public...J'imaginais une poignee d'enfants face a moi..
Tout le quartier est la. Les vieilles a la bouche rouge de betel, les troupeaux de momes, jusqu'au chat qui sommnolait
la haut sur une poutre et qui ouvre un oeil. Dans ces moments il n'y a plus de fatigue, d'harrassement, de desespoir
il y a la magie Clowns et Magicien. Ouais on est au bon endroit.





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